En sortant du magasin, je récupère Jules, attaché dehors comme d'hab, et je lui laisse, comme d'hab, le choix de l'itinéraire de retour. Il traverse, et soudain, se met à tourner en rond sur le trottoir devant un portail, en flairant d'un air très affairé.
Dans un premier temps, j'ai pensé qu'il avait senti, soit le chat de la maison derrière le portail, soit le passage récent de sa copine Didi, dont la maîtresse vient chercher son journal au même endroit que moi. Mais très vite, Jules a levé le nez ; j'ai donc regardé en hauteur, et j'ai vu, sur la murette, du riz et du pain pour les oiseaux.
Et là, surprise : le portail s'est ouvert, le propriétaire de la maison est sorti, et... a attrapé, un peu plus haut sur une pile du portail, une assiette qu'il a donnée à Jules sans plus de façons, tout en me disant : "Ne vous inquiétez pas, ce sont des restes d'oie du réveillon, coupés en petits morceaux et sans os, il peut manger, pas de danger. J'avais préparé ça pour le chat, mais cet original préfère ses croquettes, et moi, je n'aime pas jeter de la nourriture, alors, autant que le chien en profite !"
Naturellement, le temps que je le remercie, le Jules (dit Prélav' si vous avez suivi mon post précédent) avait proprement nettoyé l'assiette. Et, tout aussi naturellement, il a fait ses yeux d'épagneul à ce brave homme, qui a tout de suite compris : "Ah, tu veux aussi un bout de fromage ? allez, tiens..."
Fromage pris au bout des doigts de ce sympathique deux pattes avec toute la délicatesse d'un chien bien éduqué - et englouti avec toute la gloutonnerie du roi des crapules.
Et moi, je n'ai plus eu qu'à présenter mes plus plates excuses pour le sans-gêne de mon chien

