Urumi : Oui, je suis chanceuse d'avoir pu me faire accompagner et d'avoir pu ouvrir les yeux sur ces fameux micro-progrès
Je suis quelqu'un de très exigeant avec moi-même, j'ai très peu confiance en moi et je ne supporte pas l'échec. Si je peux être conciliante et tolérante avec les autres, je ne le suis jamais avec moi, et les phases de régression ou les obstacles des apprentissages sont pour moi de véritables sources de remises en question. Je ne compte plus le nombre de fois depuis que j'ai adopté Jahya où je me suis dit et répété que je n'étais pas la famille qu'il lui fallait, et que je n'y arriverai jamais. Alors que ça ne fait que deux mois. Une amie a l'extrême patience de me rassurer dans ces cas-là et de m'aider à remettre les choses dans le contexte (laps de temps très court, animal déjà adulte, et maintenant on sait qu'il y a un passé un peu difficile...), mais c'est vraiment difficile pour moi de prendre du recul, et ça me rend aveugle aux micro-progrès, souvent. Quand il s'agit de moi, j'ai tendance à être très entière, c'est tout, tout de suite ou ce n'est rien. Jusqu'ici je n'ai adopté que des animaux bébés, et j'ai rarement été seule pour l'éducation. Là, c'est la première fois que je suis "sans filet" avec un animal adulte qui a donc un passé, une histoire, un caractère et une manière de fonctionner propres. Jahya me pousse dans tous mes retranchements, tous les jours. Je lui en veux rarement à elle, parce que je m'en veux à moi de ne pas savoir faire.
Je fais en plus la part des choses entre la progression sur l'éducation (l'apprentissage d'un ordre, par exemple) et l'affect. Grâce à mon passé de cavalière j'ai appris à "demander peu, récompenser beaucoup", à toujours laisser sur une note positive, à régresser de niveau si l'exercice s'avère trop difficile, et quand je ne suis pas dans la panique la plus totale, j'ai l'impression de ne pas trop mal de débrouiller sur ce coup, mais je suis beaucoup moins confiante sur l'aspect relationnel. Je suis donc plus capable de voir les progrès de Jahya en balade, à la maison, sur un exercice difficile pour elle, plutôt que d'arriver à voir les petits signes qui montrent qu'elle me considère comme sa famille (même si là encore, c'est normal que ça prenne du temps).
Bref, des petits moments comme ça, des petits signes encourageants qui montrent qu'il y a quelque chose qui se tisse malgré tout, ça me réconforte, je me dis que finalement j'arrive à aller dans le bon sens un petit peu, mais j'ai souvent besoin qu'on me pointe les choses pour les voir. Donc oui, je suis très chanceuse d'avoir pu ouvrir les yeux à ce sujet.
Billye : Concernant l'association, c'est sûrement de ma faute aussi. J'ai été principalement en contact avec la famille d'accueil, et je n'ai pas beaucoup vérifié les informations auprès des membres de l'association. Je ne dis pas que la famille d'accueil n'était pas fiable, mais simplement que le téléphone arabe c'est possible, même quand on a les meilleures intentions du monde. Du coup, l'enfance de Jahya était restée sous silence, je n'avais connaissance que de la seconde partie de sa vie, et des quelques éléments que me donnait la famille pour la vie au quotidien.
Je te remercie pour ton message détaillé sur la vidéo, je l'ai regardée à nouveau avec "ton oeil", et c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses sur lesquelles je suis passée. Donc encore merci !
Ta remarque sur l'absence de vocalises de Jahya est intéressante, car c'est effectivement une chienne très calme à ce niveau-là. Ce n'est que depuis peu qu'elle commence à donner de la voix, surtout quand elle est frustrée, avec moi, à l'appartement. Juste avant la sortie par exemple, où elle me trouve en général lente à me préparer, elle baille et finit ses bâillements en jappement. Parfois le jappement se change en petite sérénade. Elle peut esquisser des petits grognements brefs aussi. Elle a aboyé une ou deux fois, assez fort, quand la frustration est à son comble et que je l'ignore totalement. Dans ce cas-là, je sors de la pièce et la laisse seule, je ne sais pas si je fais bien.
Concernant les vocalises, en-dehors de l'aboiement qui lui me signale vraiment le summum de la frustration à ne pas renforcer ni encourager, j'ai tendance à lui demander d'arrêter car je vis en appartement, et je ne veux pas de problèmes avec mes voisins. Quand elle joue, elle fait plutôt des bruits de "dinosaure" (c'est difficile à exprimer mais en gros ça donne l'impression qu'elle respire par la gorge et non par la truffe, c'est assez particulier).
Avec du recul, et en visionnant une nouvelle fois la vidéo, je rejoins Iroise et basile_one dans le sens où je remarque que les deux dernières secondes avant l'attaque font vraiment passer le message "n'approche pas". Jahya me semble vraiment tendue, elle est fixée, elle n'attend qu'une chose c'est d'y aller. Elle est rapide et très forte pour son gabarit, et jusqu'ici elle a toujours eu le dessus sur les chiens qu'elle a attaquée ce qui a dû la renforcer quelque part.
Iroise : Merci pour tes posts bien détaillés (et merci pour la petite précision Billye !), qui amènent un autre éclairage sur ce petit passage vidéo.
Globalement, les ententes chiens de Jahya sont très fluctuantes, je dirais que 9 rencontres sur 10 finissent en agression, et la dernière portion restante concerne les bébés et certains gros chiens qui attirent Jahya, avec lesquels elle est joueuse et pas du tout en mode "carnage".
Et merci pour les précisions concernant la longe, c'est intéressant à lire et à assimiler. La longe va être un point vraiment crucial pour la suite des évènements, nous avons du boulot !
Je termine ma tartine en rajoutant une dernière petite cuillerée sur aujourd'hui.
Les deux balades ont été le summum de l'excitation. Ce matin à cause du froid piquant et de la belle couche de givre qui couvrait les champs, nous avons poussé la balade à 45 minutes et Jahya n'est parvenue à se poser que le dernier quart d'heure.
Ce soir, nous avons enchaîné les galères : d'abord une rencontre avec un chat, qui a mis Jahya en orbite, puis un chien en libre dans le champ dans lequel nous baladons et où il n'y a JAMAIS personne. Le maître et son chien sont restés loin (à peu près à même distance que Billye et Hold Up au tout début de la séance de dimanche). Il a été difficile de défixer Jahya, mais j'ai réussi. Elle a énormément déchargé en courant dans tous les sens en mode Taz des Looney Tunes, donc emmêlage dans la longe donc efficacité zéro. Après ça, elle n'est pas redescendue. Tout était prétexte à passer en zone rouge, elle m'a fait beaucoup fait les bras ce soir car elle tirait en permanence. Les déplacements m'aidaient à la canaliser quand les "bloquer-relâcher" ne faisaient rien, mais c'était tout sauf une partie de plaisir.
Alors qu'elle commençait enfin à un (tout petit) peu se poser, un chat nous a déboulé sous le nez

Un suicidaire, sûrement, parce que planqué dans les hautes herbes, la chienne n'y avait vraiment pas fait attention. Bref, j'ai quand même obtenu cinq petites minutes de calme sur la fin, même si en arrivant à mon immeuble elle est restée immobile près d'une parcelle où de nombreux chats passent. Elle attendait sûrement que l'un d'eux la déclenche, elle voulait son shoot d'excitation, sacrée junkie.
De mon côté, j'ai encore beaucoup de mal avec la longe, surtout sur l'aspect rembobinage du bouzin, mais c'est en faisant qu'on apprend. Il me manque toujours le manchon qui me donnera l'accroche nécessaire lors du freinage car pour l'instant ça glisse encore pas mal.
Bref, une journée sans comme il en arrive parfois, et je me demande en quelle mesure la séance d'hier a pu avoir un impact sur nos séances d'aujourd'hui. Nous verrons demain comment ça se passe.