Elles furent mi-figue,mi-raisin pour la pouine,car je n'étais pas au meilleur de ma forme,et j'ai dû me contenter des balades en liberté le matin avec les chiens,tandis que mon conjoint et un ami s'occupaient des trois balades en laisse autour du camping,l'après-midi et le soir.
Tous les après-midi,elle avait donc droit à trois promenades en laisse à enrouleur,mon mari refusant d'utiliser la longe dont il ne comprend pas le maniement.Il s'occupait de promener V,pas de souci avec lui,V adore jouer les touristes.
Pour P,cela s'avère plus compliqué,il faut absolument éviter les rencontres canines qui déclenchent inévitablement des hurlements susceptibles d'incommoder les vacanciers:donc on s'y met à deux,l'un part en éclaireur pour prévenir tous les risques,le second suit avec la chienne...
Mon conjoint,pas trop chaud pour la sortir du camping,n'a pas trouvé mieux que de la porter dans ses bras le temps de sortir du camping,malgré le fait que je lui aie fortement déconseillé...Au retour,les deux gars revenaient en me disant:"ça ne s'est pas trop mal passé,on a croisé un chien,ou deux,elle a un peu gueulé,mais c'est tout."
Une fois,mon cadet les a accompagnés,et en revenant,m'a confié que P tirait comme une malade sur sa laisse.J'ai compris que l'objectif des deux mecs courageux étaient de s'éloigner le plus rapidement possible pour ne pas se retrouver avec un mini-Cerbère déchaîné au bout de sa laisse,juste bon à terroriser Monsieur Tout le Monde.
Alors j'ai pris sur moi de les accompagner une fois,en tenant P en longe,dès la sortie du mobil-home.Le temps de gagner la sortie du camping,je mes suis retrouvée avec une chienne haletante,tremblant de tous ses membres lorsqu'elle croisait un groupe de personne ou d'enfants,gémissant à la vue de tout ce qui bouge...pratiquement telle que je l'ai connue à son adoption.
Alors j'ai expliqué à mon mari qu'il ne fallait pas la faire avancer vite,qu'elle devait prendre son temps,qu'il fallait la freiner,s'écarter complètement des gens pour les croiser,et essayer de détendre la laisse au maximum:car même les deux années précédentes,elle n'avait jamais manifesté une telle angoisse lors de ses promenades en dehors du camping,et que ses difficultés ne concernaient que les chiens et les enfants un peu chahuteurs...
"Mais je la détends,la laisse!"me rétorquait-il,en me montrant comment il laissait se dérouler la laisse à enrouleur...

J'ai donc fait l'effort de la sortir une ou deux fois pour essayer de limiter les dégâts,mais le mal était fait...
Il a quand même constaté que les promenades se passaient mieux quand il laissait la chienne sur ses quatre pattes pour sortir du camping...
Mais bon,j'ai effectivement constaté,lors de notre retour à la maison,que P avait à nouveau beaucoup de difficulté pour tous les croisements avec les humains,qu'elle gémit à nouveau en permanence lors de nos promenades quotidiennes,mais au bout de trois semaines,elle commence déjà à se stabiliser,et je parviens à lui faire croiser des enfants calmes sans qu'elle ne réagisse trop,sauf évidemment les petits "imbéciles" de la cité qui s'amusent à la provoquer en imitant les aboiements de chien...Elle est moins "sereine" qu'avant nos vacances,mais elle récupère plus rapidement que je ne le craignais...
Quant aux croisements avec les chiens,il n'y a malheureusement aucun progrès,non seulement la vue d'un chien,mais aussi le son d'un aboiement la mettent dans tous ses états...Si je parviens à la faire approcher d'un "nouveau" chien sans trop de précipitation,c'est à dire en la bloquant tous les trois pas car elle ne peut envisager une approche sans charge,et si le chien n'est pas inquiété par ses hurlements,au bout de deux ou trois rencontres,elle finit par cesser de se précipiter et de hurler,quelque fois,c'est à peine si elle s'occupe du chien...
Elle parvient ainsi à agrandir son cercle d'amis...
L'aspect positif de nos vacances,c'est qu'elle m'a permis d'aller promener mes lascars tous les matins deux heures par jour en forêt méditerranéenne...Bien sûr,nous nous promenions à l'aube,entre six et huit,quand la chaleur excédait rarement les 22°,et quand nous étions quasi certains de ne rencontrer personne,car balade en libre obligatoire...
V a bien reconnu son terrain de jeu,au départ,il ne s'éloignait pas trop,car on entendait parfois au loin,des tirs de chasseurs(des battues au sanglier,je suppose,mais heureusement pas du côté où l'on se baladait).Mais il lui est bien sûr arrivé de nous fausser compagnie pendant une bonne vingtaine de minutes,nous retrouvant toujours;a priori,il connait mieux les sentiers que moi,car quand je l'attendais par derrière,il arrivait par devant...Il m'a ainsi permis de découvrir de nouveaux itinéraires dans ce coin de forêt,ce qui m'a permis de varier les circuits(mais ce qui ne l'a pas empêché de se balader en solo quand il l'avait décidé...)Mais comme je n'emmenais jamais d'eau au cours de mes balades,et que ses courses folles l'assoiffent beaucoup,j'avais ainsi trouvé un moyen de limiter ses escapades...car il passait de longs moments auprès de nous pour récupérer,et puis il a quand même 9 ans et demi,son ardeur est moindre que dans sa jeunesse!
En tout cas,je constate comment il est facile de se promener avec un chien qui ne manifeste pas la volonté de s'éloigner,comme P et tous les autres chiens que j'ai eu auparavant,et combien je peux comprendre les personnes qui se trouvent dépassées par ces chiens qui ne souhaitent pas rester bien sagement sur les sentiers balisés au côté de leur maître!...(certaines se reconnaitront!

La passion de la recherche,pas de la poursuite à vue,est présente ou non chez le chien,et je crois que c'est ce qui fait la différence...Je me souviens d'un jour où je mes suis faite sermonnée par un chasseur,qui a menacé de m'envoyer le garde chasse,car je promenais V au mois de juillet, en liberté et qu'il courait à travers champs:innocemment,je lui affirmais qu'il court,comme ça,pour le plaisir de courir,mais qu'il revient près de moi quand il a fait sa boucle:et l'homme de m'affirmer que mon chien venait de lever un lièvre et deux faisans,ce qui m'avait complètement échappé!

P,quant à elle,m'a montré de jolies choses:en quinze jours,nous n'avons fait que trois ou quatre rencontres,toutes de chasseurs ou vacanciers accompagnées de chien...Une fois,je l'ai vu partir comme une folle dans les bois;je me suis dit,elle a peut-être vu ou senti un lapin;V l'a regardée avec surprise,puis a dressé lui aussi les oreilles et est parti à sa suite:au bout d'une minute,ils sont revenus tous les deux,accompagnés d'un épagneul breton!Pas un aboiement,pas un mot de la part de P!J'ai fait demi-tour,l'épagneul cherchait P qui voulait jouer un peu,V a commencé de chevaucher l'épagneul,qui commençait à gronder:bref le bazar;j'entendais le maître appeler son chien..Je ne me suis pas arrêtée:à la vitesse où je marche,il aura bien le temps de récupérer son chien,d'autant plus que je ne voulais absolument pas interférer dans la rencontre...Bref le chien a fini par retourner vers son maître,et nous avons entamé le chemin du retour.Une demi-heure plus tard,J'entends P qui marchait devant commencer à grogner:je ne suis pas froussarde,mais je suis toujours prudente quand je me promène seule.V est à côté de moi,je lui mets la laisse,P s'élance en aboyant,je la rappelle en prenant un chemin de traverse,elle revient:je lui mets la laisse,et dis aux chiens:"tu attends".Puis P se met à aboyer,et je finis par voir un homme,à quelques mètres au-dessus de moi:en fait c'est le maître qui tient son épagneul en laisse.Je le laisse s'éloigner,lâche les fauves et nous rentrons tranquillement à la voiture.
Je me garais toujours au même endroit,au bord d'une chemin goudronné:cela m'a permis de travailler le "tu attends,je t'attache" cinquante mètres avant d'arriver à la voiture,et "tu restes avec moi" en laisse,sans tirer,ce qui me permettait de finir tranquille la balade avec les deux chiens et mes deux bâtons de marche,même quand il nous arrivait de croiser un cycliste sur le chemin.Un "tu attends?" permettait à P de calmer sa vindicte,le temps que l'intrus s'éloigne.
Par deux fois également,alors que V n'était pas à nos côtés,P a repéré et signalé au loin un homme accompagné d'un chien qui suivait le chemin que nous avions emprunter:elle s'est élancée en aboyant,j'ai aussitôt changé d'itinéraire en rappelant:"P,tu viens par là" en émettant un vague sifflement(je ne sais pas bien siffler,mais j'ai remarqué qu'elle se précipite vers moi quand j'essaie de siffler maladroitement en espérant que V m'entende),et elle a rappliqué illico à mon grand étonnement!
Le fait que V était absent a facilité les choses,car mon grand dadais a la mauvaise habitude de se porter joyeusement à la rencontre d'autres chiens,même s'il est prudent dans son approche,et aurait tendance à lancer une charge de P.
Une autre fois d'ailleurs,P était à 20 mètres devant moi,V en arrière,quand il m'a semblé entendre aboyer un chien...P a dressé les oreilles,a tourné à une intersection,je l'ai perdue de vue;une minute après,elle est revenue toute joyeuse,V la rejointe,et tous les deux sont repartis dans la même direction,et sont revenus une minute après,tout guilleret...
Je suppose qu'ils ont rencontré un chien,que cela s'est bien passé,parce que P n'a certainement pas chargé lors de son approche...
Voilà en gros les progrès de P...Pas que du positif,mais quand même de net progrès dans sa manière d'aborder les chiens en libre,ce qui est assez étonnant puisque nous n'avons pratiquement jamais de rencontres canines en liberté quand nous nous promenons...Mais peut-être prend elle de l'assurance auprès d'eux à force de de faire des rencontres amicales en ville et en laisse...