Messagepar basile_one » dim. nov. 15, 2015 6:38 pm
"Kuksi et les animaux sauvages
Les rencontres avec les animaux sauvages sont toujours excitantes. Mais ça peut aussi parfois prendre des proportions inattendues. Les bouquetins mâles sont très imposants, ils peuvent peser jusqu’à 80 kg et ont de grandes cornes. Ils n’ont pas très peur de l’être humain, pour autant que celui-ci ne les chasse pas. Une fois nous en avons rencontré un aux abords de rochers en dessus de la limite de la forêt. Mon ami chien a couru vers le bouquetin. Celui-ci est resté tranquille, puis soudain il a baissé ses cornes et attaqué Kuksi. Kuksi a essayé de le semer en faisant tout plein de zig zags. Le bouquetin se rapprochait de pus en plus et a chargé Kuksi avec ses cornes. Kuksi a alors vraiment pris peur et est venu se réfugier dans ma direction. J’ai ramassé une pierre et l’ai lancée derrière Kuksi devant les pattes de l’assaillant, ça ne l’a absolument pas impressionné. Rapidement j’ai couru me réfugier derrière un groupe d’arbres/buissons (ne trouve pas la traduction exacte..). Kuksi est venu se cacher entre mes jambes. Le bouquetin était de l’autre côté, à même pas 2 mètres et me fixait de ses deux yeux foncés. Ses grands nasaux s’ouvraient et se fermaient, une image qui n’était pas faite pour me rassurer. Il a commencé à avancer pour faire le tour du groupe d’arbres. Kuksi et moi avons marché dans l’autre direction, de façon à ce que les arbres restent toujours entre nous. Le bouquetin a changé de direction, nous aussi. Enfin après un très long moment le bouquetin a décidé d’abandonner et s’en est allé fièrement, parfaitement conscient de sa supériorité. A peine avait-il fait 50 mètres que Kuksi et moi sommes partis de derrière notre groupe d’arbres pour partir à toute vitesse en direction de la forêt.
Mais Kuksi avait appris sa leçon. Lorsque, des années plus tard, nous avons rencontré sur une pente très raide 2 bouquetins, il est resté très tranquille et près de moi. Nous avons passé sans encombre cette fois-là.
Certaines rencontres ne se terminent pas aussi simplement. Au printemps le coq de bruyère parade. C’est un grand gallinacé avec un bec particulièrement imposant et des griffes non moins impressionnantes, même si sa maladresse rappelle assez vite sa parenté avec les poules. Dans des conditions normales il n’y a aucune crainte à avoir de cet animal. Cependant ceux qui ont déjà vu un coq défendre ses poules savent ce dont cet animal est capable. Il en va de même avec le coq de bruyère, bien plus grand qu’un coq normal, dont le comportement territorial est très marqué au printemps pendant la période des parades. Kuksi et moi ne se doutant de rien, nous baladions tranquillement. Soudain nous avons entendu un chant caractéristique . J’ai tout de suite pensé à un coq de bruyère, et effectivement on pouvait l’apercevoir à travers les arbres parsemés. Kuksi aussi l’a vu, mis il n’y a pas pris garde. Le coq cou et tête redressés, barbe hérissée, montrait ses paupières rouge vif et paradait, nous montrant un spectacle fascinant. Ce faisant il sautillait en s’approchant de plus en plus près de nous, jusqu’à ce que, mal à l’aise j’ordonne à Kuksi de s’en aller rapidement avec moi.
Cependant c’était sans tenir compte du coq. Il s’éleva bruyamment en l’air, voltigeant en cercle autour de nous, et atterrit devant moi. J’ai pris peur et me suis servi de mes piolets pour me défendre. Il se ruait sur moi en ouvrant son bec. Et là Kuksi est venu à mon aide. Comme une flèche noire il est passé à côté de moi et s’est jeté directement sur le coq. Celui-ci jetait les griffes de ses deux pattes en avant contre Kuksi, le tenant ainsi à distance. Les deux combattants étaient face à face, figés et faisant de grands cris. A mon tour j’ai marché contre le coq en tapant dans mes mains et en criant. Cette attaque des deux côtés l’a déstabilisé et il s’en est allé. Grâce à son engagement courageux Kuksi m’a certainement évité quelques blessures, mais a quand même été blessé.
Parfois les animaux sauvages sont comme des ombres, hors de notre vue, mais nous savons qu’ils sont là. En mars dans le sud des Carpates nous sommes tombés sur une piste toute fraîche , laissée par des loups. Nous avons décidé de la suivre. Sur la neige d’un pâturage on pouvait voir clairement qu’il s’agissait d’un groupe assez conséquent, composé de 13 animaux env. C’était facile de les suivra, leurs traces étaient bien visibles. Nous avons vu les places, où ils avaient tué et mangé un animal, nous avons vu leurs déjections dans lesquelles il y avait des restes d’os et surtout de poils. Nous pouvions même deviner leurs jeux dans la neige. Les loups avançaient au travers de la forêt sans creuser de tanières, ils n’avaient pas de petits avec eux. C’était probablement trop tôt dans l’année pour ça.
Nous les avons suivi pendant 5 jours. Les loups nous avaient certainement remarqué. Un matin nous avons vu leurs traces à à peine 50 mètres de notre tente. Eux aussi voulaient certainement savoir à qui ils avaient à faire. Fait intéressant, jamais ils n’ont hurlé pendant ces 5 jours. Pourtant dans d’autres de nos randonnées nous avons bien souvent entendu les loups hurler, parfois jusqu’à trois meutes en même temps.
On dit que les loups tuent les chiens quand ils les rencontrent. Effectivement il a dans les Carpates du Sud beaucoup de chiens errants, mais aucun en forêt. Apparement ils ne s’y risquent pas. Ils vivent plus volontiers dans les rues ou aux abords des cabanes de montagne, où ils trouvent des restes de nourriture laissés par les hommes. Le soir Kuksi va en général souvent seul dans la forêt, quand la tente est montée. Cette fois il ne l’a pas fait. Quand, dans des contrées où il y a des loups, il sort parfois le soir de la tente en aboyant, pour faire fuire quelqu’un que je ne peux ni entendre, ni voir, j’ai toujours un peu peur pour lui. Mais pendant ces 5 jours sur la piste des loups il n’a jamais montré ce comportement. Il restait bien tranquille auprès de moi. Il devait avoir senti la présence des loups pas très loin."
J'aime bien la personne que mon chien me fait devenir.